Note au lectorat


Je vous encourage à laisser vos impressions, réflexions et remarques en commentaire
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Collecter et comparer les visions et les opinions est la meilleure méthode quant à l'émulation vers le progrès. N'hésitez pas, même si (surtout si) vos opinions divergent de l'esthétique ou du discours que je présente. Je ne publie pas pour recevoir des éloges (pas uniquement) mais plutôt pour progresser en confrontant mes écrits au jugement du lecteur.

vendredi 19 septembre 2014

Nouvelles de mon père (nouvelle)

  Petite nouvelle à l'humour grinçant. Si vous aimez, réagissez. Si vous n'aimez pas... faites de même !



 Nouvelles de mon père



— Monsieur ? Monsieur ?

La voix se fait de plus en plus insistante. Ses inflexions souples et claquantes explosent aux oreilles du dormeur.

— Monsieur ? Monsieur, réveillez-vous !

Des paupières s'entrouvrent, et une langue passe au milieu d'une forêt broussailleuse pour humecter deux lèvres grises.

— Monsieur, vous êtes avec moi ?

L'homme s'ébroue lourdement, secouant sa chevelure sale et filasse. Achevant de sortir de sa torpeur, il pointe un regard las sur l'interlocuteur empressé qui le surplombe.

— Salut Gaby. Qu'est-ce qui t'amène ?

L'autre soupire, à la fois soulagé que le gamin soit enfin réveillé, et irrité qu'il ne se décide toujours pas à lui montrer la moindre marque de respect.

— J'apporte un message de votre père.
— Ah ! Le vieux s'est-il enfin souvenu de mon existence ?
— Ne soyez pas si amer, jeune homme. Votre père a des responsabilités que vous ne sauriez imaginer.

Le visage barbu crache un sourire ironique, comme une déchirure soudaine dans sa physionomie malpropre.

— Bien entendu. N'est-ce justement pas pour se débarrasser d'une part de ces responsabilités qu'il m'a envoyé en mission ?
— Si. Une mission que vous avez d'ailleurs sabotée.
— Ce n'était vraiment pas évident. Je vais te demander d'enseigner la peinture à des mouches, tu me diras si c'est dans le domaine du possible.
— Pas d'excuses, jeune maître, des résultats.

Se détournant du fils de son employeur, il jette un regard sur les alentours pour vérifier que personne ne les écoute.

— Vous deviez incarner une opportunité exceptionnelle. Votre père avait confiance en vous. Je ne crois pas qu'il appréciera de vous voir revenir bredouille.
— Je te dis que j'ai fait de mon mieux ! Mais que j'use de discours bien propres et bien léchés ou de démonstrations de force, ils ne veulent rien savoir. Complètement bouchés ! Tu constates toi-même comment ils m'ont arrangé.

Le fils commence à s'énerver, et, tandis qu'il parle, des postillons de bave brune jaillissent de sa bouche pour s'accrocher dans la chevelure brillante penchée sur lui.

— Je le vois bien, jeune maître. Cette mission est indubitablement un fiasco.
— Bingo Gaby ! Alors, maintenant, tu me sors de là, on file à la maison, et on n'en parle plus.
— Je ne crois pas... Votre père est vraiment très mécontent et...

Le vieux blondinet semble presque gêné.

— Il tient à obtenir un retour positif sur son investissement. Vous savez mieux que moi ô combien il est doué pour tourner les déboires en succès.
— C'est sûr, le vieux est un roublard. Mais ça veut dire quoi, là ?
— Cela signifie que votre père compte vous réprimander pour votre échec, et que de par votre punition, il obtiendra des bénéfices conséquents.
— Comment ça ? Il va trouver quoi pour justifier s'il me laisse là ?
— Tout est déjà prévu, et les textes sont sous presse. Calibrés, avec des termes clés comme « sacrifice exemplaire », « altruisme débordant », « bravoure martyre »... Je n'ai plus la forme finale en tête, mais c'est quelque chose dans ce goût-là. Un don de soi ─de vous, en l’occurrence─ pour une image de marque.

Il se redresse et contemple longuement le corps qui gît au niveau du sol, ligoté sur une planche.

— Croyez bien que j'en suis désolé monsieur, mais peut-être la souffrance que vous endurerez vous poussera-t-elle à l'avenir à vous montrer plus méticuleux dans les taches que l'on vous confiera.
— Tu vas pas me laisser là Gaby ? T'es mon pote quand même ? Allez, va dire au vieux que je suis désolé !
— Je regrette monsieur. Je crois que c'est l'heure. Je passerai vous chercher quand tout sera terminé.
— Gaby ! Reviens, Gaby !

Soupirant, Gabriel entreprend de descendre le Golgotha, tandis que les officiers romains remontent, les bras chargés de clous et de marteaux. Les cris de rage et de détresse poursuivirent l'ange bien après qu'il se soit envolé.





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2 commentaires:

  1. Très bon. En fait on est obligé de faire deux lecture : la première pour connaître les faits, la seconde pour les mettre en relation avec la révélation de la fin. J'ai beaucoup aimé !

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    1. Si ce texte est assez plaisant pour motiver deux lectures, il est réussi.

      Merci !

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Soyez polis, mais non moins acerbes si l'envie vous prend. Les fautes d'orthographe sont bien sûr tolérées (moi-même, je ne suis pas à l'abri d'une hérrRoeure). D'ailleurs, faites-moi ─s'il vous plait─ remarquer les coquilles orthographiques, grammaticales et syntaxiques que vous relèveriez.

Vos commentaires m'aideront à progresser. Merci d'avance !

Voici le creuset où tournent d'hétéroclites écrits, allant de la nouvelle au pamphlet, en passant par toute une gamme de formes littéraires (poésies, saynètes, spicilèges, diatribes, réflexions plus ou moins profondes).


Mon appétit est ─pour le moment─ trop immense pour me restreindre sur la question des genres.