Texte un peu vieux, (environ âgé de 3 ou 4 ans), je l'ai retravaillé un peu, et je vous le livre tout de suite.
La lecture au second degré est fortement déconseillée.
Orange, au bûcher !
L’orange,
fruit qui fut longtemps un symbole de Noël. Si vous vous plaignez de
vos cadeaux, on vous assène le magistral « ton grand-père n’avait qu’une
orange, et il en était très content ! » Mais je vous pose la question,
comment est-ce possible ? Je veux dire, comment la naissance du
Christ/la fête la plus prisée par les petits enfants/autre (cela dépend
de votre/vos confession/confessions) pouvait-elle être souillée par ce
fruit maléfique ? L’arbre de l’Enfer n’est pas le pêcher, comme tout le
monde le pense. C’est l’oranger. Vous ne me croyez pas ? Vous verrez
qu’a la fin de ma démonstration, vous aurez changé d’avis.
Pour
mieux vous prouver l’horreur de ce fruit, je vais choisir d’y confronter
un individu de race humaine dans l’un des univers les plus familiers à
la majorité des jeunes gens. Pourquoi choisir cette catégorie de
personnes ? Parce que je suppose en toute logique, que si mon lectorat
jeune ne connaît pas encore la situation de l'âge moyen ou du grand âge,
les lecteurs âgés ont tous étés jeunes, et seront donc capables
s'identifier à mon sujet de démonstration. Reprenons. Ce lieu que les
scolaires fréquentent avec courage et courage : le self. Vous êtes-vous
déjà retrouvé pressé dans la file d’attente d’un self ? Généralement, on
y devient anxieux. Parce que l’heure tourne, que la
file n’avance pas, que les personnes derrière sont pressées… C’est dans
cet état de stress que notre sujet de démonstration arrive devant le
fatidique autel des desserts. Il attrape ce qui lui tombe sous la main, à
savoir la plupart du temps : une orange. Voila, l’homme à mis le doigt
dans un engrenage infernale. Pourquoi ? Pourquoi une orange et pas un
riz au lait ou un coulis de framboise lyophilisé et mal réhydraté ?
Peut-être parce que la couleur attire l’œil, que la rotondité de ce
fruit est agréable. Peut-être que le cerveau, ivre de messages délivrés
par le ministère chargé de la santé publique et par les organismes
cherchant à sauvegarder –même contre notre gré- les nôtres est poussé à
ce choix.
Je m’explique : l’orange (citrus sinensis) est
un fruit, plus précisément, un agrume, contenant la vitamine C (acide
L-ascorbique). Ça au moins, c’est clair, merci Wikipédia. Et quels sont
les messages évoqués plus haut ? « Mangez cinq fruits et légumes par jour » ; « Faites le plein de vitamine C » ; « L’orange protège du soleil, des cancers de la peau, des comédons et de la dipsomanie» ; etc., etc.… Un fruit, c’est bon pour la santé (ce qui est vrai, mangez des fruits !). Propagande, propagande.
Toujours
est-il que notre individu se retrouve en possession d’une orange. Le
caractère démoniaque de celle-ci se traduit bien sur par sa couleur (ce
n’est pas pour rien que les roux étaient brûlés au
Moyen-âge, époque que nous savons éclairée par les raisonnements
rationnels). Mais les premiers mouvements diaboliques se manifestent dès
que l’individu transporte, confiant, son plateau vers une table
formica, immonde mobilier bâti sur les débris d’un majestueux platane,
tombé sous les coups rageurs des démoniaques bûcherons, fruitiers à
temps partiel. L’orange, ronde comme l’œil hagard d’un pendu, roule sur
le plateau et cogne agressivement de toute sa brutalité les
autres habitants de la plaque en plastique. Si l’innocente assiette de
verre trempé contient de la purée ou de la viande en sauce, l’orange
bondit, et atterrit au beau milieu de la pièce de vaisselle, maculant
les alentours de gerbes sombres. Le juron lâché par l’individu
résonne comme un râle d’agonie sous la voûte d’une cathédrale. Le ciel
ne peut donc plus venir en aide à ce malheureux blasphémateur. Première
victoire de l’orange.
Après avoir nettoyé au mieux son plateau
souillé, l’individu sent une idée s’instiller dans son esprit, bien sûr
distillée par le terrible fruit. Pourquoi ne pas caler l’orange sur le
verre cylindrique placé dans le coin supérieur droit du plateau ?
Aussitôt pensé, aussitôt fait. Hélas ! Le poids de l’orange, associé aux
mouvements de marche que subit le plateau font basculer le martyre fils
de silice, qui chute, et éclate sur le sol en pluie de fragments
scintillants. La nouvelle grossièreté retentissante et le bruit du
corps disloqué du verre font converger vers l’individu regards et
quolibets. Son visage s’empourpre, comme le soleil mourant d'un soir de
carnage. Après la longue récupération de son orange, qui ayant atterri
sans dommage s’était enfuie sous la table à l’autre bout du self,
l’individu s’assied avec un soupir d’aise sur une chaise détrempée de
par la main d’un facétieux congénère, qui ne doit pas manger que des
pommes. L’individu se relève, se masse le crâne –rapport au coup pris
sous la table au moment de la récupération de l’orange-, change de
chaise et s’apprête à manger. L’orange posée sur la table s’enfuit de
nouveau et attend le malheureux sur un sol remarquablement collant et
sous une table particulièrement propice à la trépanation brutale.
Après maint autres péripéties, notamment des réflexions désagréables sur l’état de ses vêtements, l’individu peut ENFIN se
restaurer. Il se plonge avec délices dans une béatitude langoureuse de
salade flétrie, de viande reconstituée et de légumes élevés sous
cellophane, suivis d’un yaourt légèrement moisi. Et vient le moment du
dessert. Avec un sourire (crispé) l’individu prend l’orange dans sa
paume (moite). Il referme ses doigts dessus comme à regrets. Et l’horreur commence.
Pour amorcer l’épluchage du fruit, il saisit un couteau, mais les
tranchoirs du self, suite à un maléfice fruiteux ont perdu toute
capacité incisive. Se croyant d’une intelligence certaine, il troque son
couteau pour sa fourchette. L’orange pousse cette dernière à se planter
violemment dans la main du pauvre supplicié. Sa fourchette, l’ami de
toujours le soutenant contre vents et marées, est devenue au contact du
démoniaque fruit la fourche de Satan ! Revenant à sa coquille de solen,
et changeant de main, il dérape de nouveau sur la sphère incandescente
et estropie son autre menotte (car le couteau est redevenu tranchant
tout spécialement pour lui). S’aidant de sa cuillère, il pratique enfin
une encoche dans le cuir de la bête. Il l’élargit, puis, combattant de toutes ses forces ce machiavélique adversaire, il arrache un minuscule bout de peau, trophée inestimable.
Après
de longs et rudes combats, l’armure luciférienne gît à ses pieds. Le
souffle rauque, notre homme constate avec horreur qu’une deuxième peau,
blanche, entoure le démon tel un linceul de fausse pureté. S’il n’avait
point d’ongles, il serait perdu, mais, miracle, il en possède encore
quelques-uns. Il commence la délicate phase, dite, de l’épluchage. Des
lambeaux de toile blanche volent en tout sens, se coincent
douloureusement sous les ongles qui réclament à êtres curés toutes les
quatre soixantièmes de minute. Si certains morceaux de cet épiderme
demeurent soudés à la chaire infernale – l’arrachant en répandant
son sang maudit aux alentours –, d’autres sont fins et retors, ne
cherchant qu’à épuiser les forces du brave guerrier. Cette seconde
enveloppe enfin arrachée, il lui faut encore séparer le pervers agrume
en quartiers. Il enfonce ses doigts à l’extrémité du fruit (non sans
avoir au préalable vai5ncu la muraille épaisse qui la protégeait) et il
bande ses muscles pour fendre en deux son bourreau. Les chairs se déchirent
de nouveau, déversant des litres de jus poisseux. Il lui faut ensuite
enlever les filaments blancs, nerfs d’acier au cœur de l’orange
satanique. L’individu tiens alors dans sa main inondée de sang sucré un
misérable fragment d’orange au trois quarts déchiqueté. Avec félicité,
il glisse cette nourriture dans sa bouche. Ses aphtes, ses morsures de
joues, ses caries et ses lèvres gercées le mettent au supplice. Ses
papilles hurlent sous l’acidité inhumaine qui les ronge. Si vous pensez
que tout est – enfin – fini, c’est que vous avez oublié quelque chose :
les pépins ! Car, dans l’ultime morceau comestible (par
défaut) du fruit, il y a en moyenne quatre à sept pépins. Voulant les
enlever, notre courageux soldat les isole de sa langue et glisse
délicatement deux doigts dans sa bouche pour les récupérer. Ce faisant,
le quartier d’orange broyé par les consciencieuses prémolaires dégouline
le long de sa main. L’homme ouvre alors les yeux sur le monde qui
l’entoure. Ses voisins de table le regardent étrangement, un monceau
d’épluchures, tel un charnier répugnant, se dresse devant lui sur son
plateau, ses vêtements et ses mains sont imbibés d'un jus acide,
corrosif et collant. Il remarque alors le détail qui lui arrache son
ultime blasphème, si terrible qu’il ferait s’évanouir un troupeau
d’élans, car il a oublié de prendre des serviettes.
Et pour parachever cette démonstration, basons-nous sur des chiffres et des lettres : « Orange » s’écrit en six lettres. « Diable » aussi. Et remarquez que dans les deux mots, le « a » et le « e » sont aux mêmes places, les places 3 et 6. Et trois six donnent 666 !
Notez également que les phonèmes désignant la progéniture de l'autophotolithotrophe peuvent également s'entendre ainsi : « or » - « ange ».
Et comme chacun le sait, l'or, incarnant la richesse terrestre et la
cupidité est la marque de la corruption. L'orange porte le nom de l'ange
déchu, souillé, corrompu !
De plus :
« O »comme « Os des damnés s’entrechoquant dans le gouffre de l’Enfer »
« R » comme « Rugissement des ombres déambulant dans les entrailles du Tartare »
« A » comme « Ammoniaque fumant de la gueule répugnante du Malin »
« N » comme « haine »
« G » comme « Gutturale cri poussé par Belzébuth les soirs de lune sanglante »
« E » comme « Et avec tout cela, je ne vous ai pas encore convaincu ? »